Novembre 2014, vers la Colombie Britannique, notre terre d'accueil pour cet hiver


Après avoir déposé mes parents à l'aéroport d'Anchorage où la suite de leur voyage allait les mener au Québec, le travail nous attend dans notre point internet privilégié que les voyageurs connaissent bien : le Mac Donalds. Une fois le site mis à jour, l'article fraîchement écrit et les photos diffusées, nous faisons alors le constat que nous n'avons plus de rendez-vous ni d'impératif... Une question, que nous ne nous posions plus depuis longtemps, nous vient alors à l'esprit : qu'allons-nous faire maintenant ? 


L'hiver approche et vient nous rappeler que nous comptions bien nous mettre au chaud quelque part au Canada. Comme prévu, nous quittons alors les Etats-Unis. Nous sommes très fiers de demander notre tampon d'Alaska au petit poste de douaniers américains. Ils y vivent une certaine solitude sur la Alaska Highway où l'on n'entend plus que le silence de la neige tomber... En tout cas pour nous, qui dit se mettre au chaud dit logement... Qui dit logement dit finances... Et qui dit finances dit travail. Et dans la foulée, quelques kilomètres plus loin, nous rencontrons les douaniers canadiens pour faire valoir le Visa Vacances Travail que nous avons réussi à obtenir tous les deux. 23 Octobre 2015 devient notre prochaine date butoir, à savoir que nous avons l'autorisation de voyager et travailler au Canada jusqu'à cette date-là ! Le bonheur ! 

Rentrer au Canada ne nous empêche pas de ressortir du territoire pour deux jours. Il ne faut pas oublier que les terres alaskiennes descendent le long de la côte du Pacifique jusqu'au milieu de la Colombie Britannique. Ce bref retour en Alaska nous amène jusqu'à Haines où nous tombons sous le charme : un petit air des villages des côtes norvégiennes et la nature, toujours aussi belle et sauvage. Ce lieu est réputé pour voir arriver au mois de novembre des milliers de pygargues à tête blanche... et des centaines de photographes ! Nous ne sommes qu'en octobre, mais déjà la Chilkat River, dont les eaux grouillent de saumons, abritent ces aigles, emblèmes des Etats-Unis. Ici, ils sont partout : dans les arbres, sur les plages de galets... Difficile de les manquer quand on peut repérer de loin leur fameuse tête blanche. Puis, dans ce petit coin de paradis, tout le monde pêche ensemble. Les aigles sont là mais les grizzlis, les phoques et les hommes sont au rendez-vous pour "cueillir" la richesse de ces eaux. 



Nous ne nous y attarderons pas toutefois car des formalités nous attendent à Whitehorse le lundi matin, à la première heure. Après la validation du visa, il nous faut obtenir un numéro d'assuré social afin de pouvoir travailler. La facilité des démarches ici est assez déroutante... Pas besoin de compliquer les choses quand elles peuvent être très simples... Nous ne sommes pas habitués à cela mais nous découvrons cet aspect avec grand plaisir. Un douanier nous accueille en français, cela fait tout drôle quand on se trouve si loin du Québec. C'est une obligation dans l'administration ici de servir en français si nous le désirons. Nous n'avons même pas à demander d'ailleurs... Il nous explique que le Yukon pourrait nous ouvrir les bras, qu'il y a du travail à Whitehorse. Mais aussi que les -40/-50°C ne sont pas si pires ici puisque ce n'est qu'un ou deux mois dans l'année. Nous rions ensemble mais lui avouons que nous nous dirigeons au sud car nous aimerions bien que la Colombie Britannique soit notre terre d'accueil pour l'hiver. 

La Colombie Britannique est une province du Canada reconnue dans le monde entier pour ses stations de ski et forcément, pour sa neige d'une qualité exceptionnelle. Un paradis pour les skieurs que nous sommes. Nous qui n'avions plus d'impératif, le mois de novembre arrivant à grand pas vient nous rappeler que les recrutements ont lieu à ce moment-là dans la plupart des stations de ski. Nous avons seulement quelques jours devant nous pour avaler les milliers de kilomètres qui nous séparent de ces superbes terrains de jeu. Whistler Blackcomb recrute 5 jours plus tard et des dizaines d'annonces de travail en tout genre sont publiées sur internet pour cette région. Nous y trouverons bien le job qui nous conviendra lorsque nous y serons, nous sommes confiants ! Mais d'abord, nous avons 2300 kilomètres à faire en 4 jours, le compte à rebours est de nouveau lancé ! Ce ne serait pas si pire en Europe mais ici, parcourir cette distance si vite nous apparaît comme un véritable challenge ! 

Pour ne pas reprendre le même chemin qu'à l'aller, nous décidons d'emprunter la Cassiar Higway comme alternative à l'Alaska Highway. Cette route s'engage davantage au milieu des Rocheuses et nous mène au cœur d'une place encore plus sauvage. Nous avions été bien gâtés en septembre, sur la Alaska Highway, les yeux brillants face au spectacle de tous ces animaux prenant place sur cette scène goudronnée. Fin octobre, la neige légère virevolte sur notre passage et les animaux se sont mis au chaud. Nous imaginons cette route en été, elle doit être merveilleusement belle et peuplée d'animaux paisibles et curieux, regardant passer les nouveaux-venus dans leurs engins motorisés... Malgré la nature qui s'endort, nous faisons tout de même de belles rencontres comme cette mère mouflon et son petit, s'éloignant bien vite de la route en nous laissant le spectacle de leur joli cul blanc... Ou ce beau renard qui, pendant plus de deux kilomètres, longe la route sans se soucier de nos regards admiratifs... 


Et après 4 jours, nous arrivons enfin à Whistler qui reste envahi de mystère puisque nous arrivons de nuit et sous une pluie battante... Nous imaginons tout près cette station et les superbes sommets qui l'entourent. Le lendemain ont lieu les recrutements. Nous devons nous reposer... La file d'attente est au rendez-vous, nous ne sommes pas les premiers. Ceux-ci étaient là dès 5h du matin... Après quelques heures à patienter sans véritablement avancer, on nous annonce que tous les postes sont alors pourvus, tandis que des dizaines de personnes se jettent sur les postes de bénévoles, simplement pour bénéficier du forfait saison gratuit... Nous sommes alors assez déçus et n'avons qu'une chose à faire : retrouver notre fournisseur d'accès internet préféré, commander un hamburger et s'assoir devant notre écran et devant les centaines d'annonces en espérant trouver chacun la notre... 


Nous décidons coûte que coûte de rester à Whistler même si notre première impression n'est pas très bonne. Quand nous regardons le prix d'une simple chambre, nous nous demandons comment nous pourrions rester ici sans trouver tout de suite un travail rentable... Mais courir plusieurs lièvres en même temps, comme essayer de postuler dans d'autres stations de ski à des centaines de kilomètres d'ici, nous ferait perdre du temps et des opportunités. Nous n'avons pas à nous alarmer, nous sommes avec notre Gaillard, les températures sont encore très bonnes. Nous avons effectivement gagné plus de 15 degrés depuis l'Alaska et le Yukon... Nous choisissons alors d'approfondir nos recherches à Whistler. Et notre persévérance finit par nous permettre d'ouvrir des portes. Les portes de jobs intéressants puisque Alexandre est embauché comme photographe pour tirer les portraits des skieurs en action tandis que je masserai leurs corps tout courbaturé... Mais aussi la porte de chez nous puisque nous avons trouvé un studio qui sera notre petit nid pour cet hiver ! Et c'est alors avec grand plaisir que nous déchargeons notre compagnon de voyage, ses chevaux nous remerciant de les laisser courir plus légers. Des années que nous n'étions pas restés sédentaires aussi longtemps, mais cela fait partie des surprises du voyage ! Et nous sommes très heureux d'être là !