Août 2014 : le voyage peut commencer


Nous terminions l’article du mois dernier sur l’arrivée tant attendue de notre désiré Gaillard au port de Montréal. Après presque deux mois dans sa boîte, nous allions enfin le retrouver. Mais nous n’avions aucune idée du temps que ça prendrait… Nous savions juste qu’il aurait droit à une inspection à son arrivée et que nous devions attendre l’accord des douanes pour l’embarquer enfin avec nous.

Le 11 Juillet, le Diamantis P arrive à Montréal, avec notre Toyota à son bord. Le 14 Juillet, le conteneur est enfin à quai et l’inspection doit être réalisée. Les douanes ont alors dix jours devant elles. Ce que nous ne savions pas, c’est que cette inspection allait se faire sans nous car nous ne sommes pas autorisés à entrer en zone « sous douane ». A ce moment-là, nous pensons tout de suite à la manière dont est disposée la tente de toit à l’intérieur du conteneur... Les batteries sont découplées donc le véhicule ne peut pas démarrer sans que quelqu'un aille mettre son nez dans le moteur… Et s’ils le démarrent, comment vont-ils faire pour l’éteindre ? Malgré l’électrovanne d’étouffoir moteur neuve, il est un peu capricieux pour s’arrêter… Nous devenons alors très inquiets et c’est insistants que nous contactons le transitaire qui doit s’occuper de nous ici. Nous essayons alors d'obtenir l’autorisation d’être présent pour faciliter le travail des douaniers et avoir la garantie que tout soit manipulé dans de bonnes conditions…

Deux jours à batailler pour ne recevoir qu’un non en retour de la part des douanes. Nous savons alors que nous n’avons plus rien à faire d’autre que d’attendre… L’inspection se passe et malgré le gros nettoyage fait avant l’embarquement, de la terre est trouvée sous notre Gaillard. De la terre signifie parasites et donc un gros nettoyage doit être prévu pour « décontaminer » notre 61. La famille Quatrevieux connaît aussi cette étape et ils nous en avaient informé. Ce n’est donc pas une grosse surprise. Malheureusement, nous avons laissé la fenêtre conducteur ouverte dans le conteneur et de nouveau, nous contactons le transitaire afin de demander à pouvoir être présent avant le nettoyage pour au moins la fermer… Encore une fois, c’est un non des douaniers que nous recevons…

Ayant les coordonnées de la société qui va s’occuper du nettoyage, nous la contactons directement afin de lui expliquer les choses avant que le conteneur arrive dans ses locaux : la mobilisation de la tente, le moteur qui ne démarre pas, pas de jus pour fermer la vitre etc… Et c’est là qu’elle nous apprend que le conteneur a été accidenté durant le voyage. Ils n’en savent pas plus mais c’est eux qui nous l’apprennent. Après les inquiétudes commence l’angoisse qui nous prend aux tripes… Que s'est-il passé ? Dans quel état est la voiture ? N’ayant aucun élément, nous imaginons le pire et là, c’est très dur car ça veut aussi dire qu’elle est peut-être foutue…

Après des dizaines de mails échangés avec notre transitaire, nous arrivons enfin à obtenir deux photos : l’une est une photo de la terre trouvée sous la caisse. L’autre, c’est notre Gaillard vu de face, les 4 portes grandes ouvertes dans un local des douanes. Nous sommes au moins rassurés sur le fait que la voiture n’est pas en petits morceaux mais cette photo ne permet pas du tout de se faire une idée des dégâts… La tente n’est pas sur la photo, nous ne pouvons rien constater. Seulement, tout ce qu’il reste de matériel dans notre vie, tout ce qu’on appelle « à nous » est là, grand ouvert, comme notre intimité au regard de tous… 


A ce moment-là, le vendredi 18 Juillet, nous n’avons qu’un seul besoin : le voir. Nous partons à pied sous le soleil brulant en direction du port, à 5 bons kilomètres de là. Peu importe, s’il a des dégâts, nous devons le constater avant qu’il soit de nouveau amarré dans le conteneur et transporté vers la société de nettoyage, occasionnant des dégâts supplémentaires… Nous demandons à ce que le conteneur reste au port et de là commence un véritable marathon pour convaincre les douaniers de nous laisser voir notre 61. Malheureusement, c’est la fin de semaine et nous devrons attendre le lundi 21 pour nous rendre aux bureaux des douanes directement… Jusque là, tout le monde nous empêche d’aller se rendre compte et nous devrons supporter la tension tout le week-end…

8h, lundi 21 Juillet, nous sommes aux bureaux des douanes au moment de leur ouverture. Nous avons enfin une personne en face de nous à qui exprimer notre désarroi et qui semble comprendre notre besoin de savoir dans quel état nous allons retrouver notre Gaillard… Non nous n’avons pas d’alcool, pas d’armes à feu ou des articles commerciaux dans notre véhicule… Oui c’est toute notre vie que vous détenez et que nous voulons juste voir, sans vous empêcher de faire votre travail… Et oui nous sommes touristes, oui nous sommes de passage chez vous pour des vacances puis nous continuerons notre route... A ce moment-là, nos démarches trouvent petit à petit des portes ouvertes. On nous montre enfin des photos, on arrive à avoir l’autorisation d’être présent pour constater les dégâts juste avant le nettoyage… Enfin, on va pouvoir être soulagés… ou pas…

Le véhicule a en fait bien bougé dans le conteneur et s’est désamarré… Il a été retrouvé complètement plaqué sur le côté dans la boîte. L’aile avant droite a frotté contre le conteneur, le pare-choc avant a fait son travail contre la tôle et en a gardé quelques égratignures… 

Une jolie trace de pare-choc avant
Le pare-choc juste égratigné
L'aile qui a frotté contre le conteneur, bien à vif

C’est la tente qui nous a le plus inquiété au final. Trouée et fissurée par endroits, nous la pensions véritablement foutue. Sur les conseils de Tony, de James Baroud, qui nous a bien rassurés, une réparation à la résine suffit. Ce n’est pas comme si un ours y avait sauté dessus ! Et comme dirait Colette, ce sont les premières égratignures de l’aventure ! Quel soulagement quand on a imaginé le pire…

Un aperçu des dégâts de la tente de toit bien que les photos ne rendent pas bien compte de l'impact

Encore privés quelques jours de notre Gaillard, après avoir réglé une note de frais douaniers très très salée, nous avons enfin pu nous installer dans nos sièges et au volant pour Alex le jeudi 24 Juillet. L’attente était terminée et nous pouvions enfin reprendre le cours de nos projets...

C’était alors le temps d’un premier au-revoir à Montréal, tout heureux de présenter enfin le fruit de nos 3 dernières années de travail à nos amis du coin. C’est qu’il était vraiment connu ici comme le loup blanc notre Pépère. Puis, direction les Laurentides, nous avons retrouvé Mike et Katéri, Mr et Mme Toy. Malheureusement, en pleine période des vacances de la construction, la majorité des fournisseurs de Mike étaient fermés pour se procurer les pièces… Du coup, pas de ballons dans l’immédiat mais de sacrés bons moments avec eux. C’est l’occasion d’un gros nettoyage et rangement de notre petit espace avant de prendre la route.

Opération grand nettoyage et rangement à Morin Heights, chez Mike et Katéri

Tout près de là, se trouve le « bois » de Rénald. Rénald, c’est un voisin des copains chez qui nous logions. Tout a commencé avec lui autour d’une histoire de cave pleine de terre. Il est devenu celui qui nous a permis de penser à autre chose lorsque nous ne supportions plus vraiment l’attente du cargo. Pendant deux jours, filer un coup de main, pelleter de la terre et remplir de grosses brouettes a été pour nous un vrai antidote à notre impatience. Rénald et sa blonde Thérèse sont aujourd'hui nos amis. Et nous les avons donc rejoints dans le « bois » où ils se sont aménagés un petit paradis au cœur de la nature où l’on savoure les bonheurs simples de la vie. Se retrouver à l’abri tous les 4 pour une soirée autour du feu pendant que l’orage gronde, rire et jouer à des jeux de société, savourer une omelette de bolets fraichement ramassés, se promener dans les bois pour une sacrée dose de souvenirs joyeux.

Orage mémorable
Bien à l'abri, au coin du feu
Au milieu du bois, le lac à castor

Puis nous prenons la route, nous avons dix jours pour faire un tour dans les terres québécoises avant que Mike ne reçoive les pièces nécessaires pour renforcer notre suspension arrière. Au programme : Tadoussac, sur les rives du St Laurent et la Gaspésie, accompagnés d’un grand sentiment de liberté. C’est bon de vivre notre quotidien avec notre Gaillard. Tout fonctionne comme il faut et nous y trouvons tout ce qui est essentiel pour nous. Nous pouvons même parler de grand confort… Le plus grand confort qu’il nous offre, c’est cette possibilité de prendre la route, n’importe quelle route, et de nous arrêter là où l’envie nous guide, là où la rencontre nous interpelle, là où la découverte nous surprend…

Le St Laurent, un "fleuve-mer", parfois si large qu'on a du mal à distinguer l'autre rive
Région de Tadoussac, là où nous mènent les pistes...
Arrivée à Percé et son fameux rocher, au nord de la Gaspésie
Le temps n’est plus une contrainte aujourd’hui bien que dans ces grands espaces, il faut trouver un juste rythme entre le lièvre et la tortue pour ne pas rester à l’arrêt.  C’est ce qui nous attend très bientôt, puis-qu’après un dernier au-revoir à Montréal, c’est la longue traversée vers l’ouest canadien que nous allons entreprendre. Des milliers de kilomètres en direction de l’Alberta qui ont pour réputation d’endormir même le plus vaillant conducteur.

Installation des boudins pour une nouvelle suspension

A l’heure où j’écris ces mots, Alexandre et Mike sont en train de monter les ballons destinés à relever l’arrière train de notre lourd 61. Georges Graciet d'Euro4x4parts et Sébastien d’Outback Import nous en avaient parlé comme alternative pour renforcer la suspension. Florent ne nous les conseillait pas forcément mais il est vrai qu'en France, peu sont installés et nous n'avions pas trop de recul pour connaître leur fiabilité. Nous avons 3 ans pour expérimenter ce matériel que nous espérons être une bonne solution à notre problème de poids. Mike est confiant. 
 
Toyota, initiateur de belles rencontres

Parce que nous prenons la route très bientôt maintenant, nous faisons un clin d’œil à Lise et Laurent d'Americarpediem, un petit couple d'alsaciens voyageurs qui, tout comme nous, ont eu quelques déboires à l'arrivée de leur Toyota. Nous nous sommes retrouvés pour un repas à Montréal et il y a des chances pour que nous nous re-croisions sur la route. De toute façon, il n'y a que les montagnes qui ne se croisent pas ! 

Et maintenant, en avant, le grand voyage peut commencer !

A très bientôt
Les Galopères