Fin
mai, il est temps pour nous de dire à bientôt à Charla et Tyler et nous
quittons Edmonton pour retrouver les Rocheuses que nous avions laissées à
l'Ouest depuis début mai. Les rendez-vous sont déjà pris avec eux pour les
retrouver dès que possible. Au programme, Charla viendra travailler deux jours
à Jasper puis ensuite, il est prévu que nous participions au
"Clunker", ce rassemblement de "vieux tas de ferraille"
qu'ils organisent fin juin. Ce sera une bonne occasion de retrouver Peter
et Kevin qui nous ont aussi aidés pour remettre en marche notre transmission.
Quatre jours à longer les Rocheuses par une belle piste d'Alberta et chaque
jour l'occasion de trinquer au plaisir d'être ensemble, avec nos vieux Toyotas... Il faut dire que ça nous a mis l'eau à la bouche !
Avant
cela, nous avons un mois devant nous et il est hors de question que nous
prenions la ligne droite qui mène à Jasper, au cœur des Rocheuses. Ainsi, nous
suivons les pistes à vue, dans le grand réseau des pistes qui desservent les
stations de pompage du pétrole et d'extraction du gaz. Nous avions oublié les
joies de la poussière, celle si fine qui s'incruste partout. C'est un plaisir
de rouler vite, tous seuls sur les pistes à dégager un énorme nuage de poussière.
C'est beaucoup moins drôle quand nous croisons un énorme camion qui ne va pas
ralentir ou que nous nous retrouvons derrière lui sur quelques kilomètres !
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Parfait endroit pour dormir au beau milieu de l'Alberta, dans l'attente d'aurores boréales ! |
En
quittant Edmonton, nous quittons la maison de Charla et Tyler pour retrouver la
nôtre et nous attendions avec impatience de dormir de nouveau dans notre
chambre haute sous les étoiles. Malheureusement, ce ne sera que de courte durée
puisque nous arrivons dans le parc national de Jasper où nous devons être
discrets pour s'établir pour la nuit. Le premier jour nous trouvons une superbe
piste, à flanc de montagne, dominant les lacs turquoises et nous rapprochant
plus près des sommets...
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De retour dans les Rocheuses |
Malheureusement,
tellement bien cachés, personne ne sait que nous sommes encore dans la zone et
nous nous retrouvons le lendemain après notre grasse matinée face à une
première barrière, fermée alors qu'elle était ouverte la veille... Un écriteau
nous indique que la zone est alors interdite pour cause de feu dirigé.
Effectivement une vilaine bibite attaque les résineux et le feu reste le
meilleur remède pour soigner la forêt malade... Alex jette un coup d’œil sur
les espaces alentours et trouve une voie où notre 61 peut passer. Entre les
arbres et dans un terrain relativement facile, c'est assez simple avec un
véhicule tout terrain. Malgré tout, c'est l'occasion de la première bosse de
notre pépère sur son flanc arrière !
Nous
continuons sur la piste, longeant la zone de chargement de l'hélicoptère qui
déverse le combustible sur la forêt. Nous faisons profil bas et suivant notre
chemin. Et quelques kilomètres plus loin, nous tombons sur une deuxième
barrière ! Malheureusement, cette-fois le terrain est plus accidenté et nous ne
savons pas vraiment comment nous allons pouvoir passer... Je m'approche de la
barrière et constate alors que le cadenas n'est pas verrouillé ! C'est bon,
nous sommes sortis d'affaire ! Une fois sortis de là, nous pouvons rire de tout
ça. Nous rirons moins quand nous verrons dans la journée l'énorme nuage de
fumée généré par le feu de forêt, à l'endroit où nous avons dormi...
Heureusement que la grasse matinée n'a pas duré trop longtemps, il s'en est
fallu de peu pour finir en rôti !

Il
y a une chose que nous n'avions pas vécu en septembre quand nous étions arrivés
dans les Rocheuses : la saison des moustiques ! Nous sommes en juin, en plein
dedans ! Notre première randonnée nous fait comprendre que si nous nous
arrêtons de marcher, c'est comme s'abandonner à eux et leur offrir notre
sang... Nous marchons vite, l'un à côté de l'autre, scrutant les moindres bouts
de peau que nous avons osé laissés sans protection. Dès qu'un moustique s'y
pose, il est mort ! Sauf si un autre occupe notre attention ailleurs bien
sûr... C'est ça le problème, c'est qu'ils attaquent en bande, on croirait
presque qu'ils font un relai ! Et nous nous regardons tous les deux, dépités en
voyant le nuage de moustiques indécrottables que l'autre traine derrière lui...
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Au sommet de Whistlers Mountain, la montagne des marmottes siffleuses ! |
Dès
que le temps nous le permet, nous sommes sur les chemins, en montagne. Comme
nous prenons rarement les moyens touristiques pour rejoindre un sommet, nous
voici embarqués sur un chemin où, en prenant de l'altitude nous nous
rappellons que la neige est encore bien présente. Le sentier disparait
parfois sous 30 centimètres de neige, nous perdons les traces et décidons de
monter tout droit tandis que nous apercevons le sommet juste au-dessus. Une
bonne décision pour éviter de s'enfoncer à chaque fois jusqu'à mi-cuisse,
surtout quand on commence à sortir les shorts ! Une fois arrivés au sommet, les
rencontres sont toujours incroyables... et sûrement incroyablement intéressées
avec les spermophiles jamais farouches, les marmottes ou une martre curieuse.
De toute façon, depuis que nous sommes de nouveau dans le Rocheuses, c'est
l'homme qui devient une espèce rare.
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Le spermophile à mante dorée vient jusqu'à sentir dans les mains vides ! |
Entre deux randonnées, pour
reposer nos jambes, nous trouvons rien de mieux que de sortir le kayak qui n'a
pas servi depuis quelques mois pour découvrir le Lac Maligne. Au final, c'est
30 kilomètres de kayak que nous aurons fait dans la journée, pour rejoindre la
fameuse Spirit Island. Nous en avons vu passer des bateaux de touristes et
leurs vagues tout au long de notre parcours, chahutant notre frêle embarcation.
C'est vrai que nous avons assez impressionné les pêcheurs qui nous ont vu
traverser le lac sur notre kayak gonflable alors que tous leurs canoës sont en
"dur", souvent équipés d'un petit moteur pour éviter de pagayer
pendant des heures. Malgré le vent à l'aller, le lac agité au retour et cette
sensation de distances interminables, nous étions au beau milieu d'un panorama
magnifique et nombreux sont ceux qui ramèneront chez eux une image parfaite du
Canada : un petit kayak rouge et ses deux passagers sur l'eau turquoise du lac,
tous petits, perdus dans l'immensité du lieu... C'est heureux mais bien fatigués que nous
sommes arrivés à la voiture juste avant que l'orage ne s'installe au niveau du
lac !
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Les géants du Lac Maligne et les tous petits pagayeurs |
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L'orage nous offre un bel arc-en-ciel et un kayak mouillé qui attendra pour être rangé ! |
Découvrez notre album "Au beau milieu de l'eau, au Lac Maligne" !
Une bonne journée de repos après notre virée en kayak et nous voici déjà sur un autre projet. Deux jours consécutifs de beau temps, c'est le moment idéal pour aller admirer le Mont Robson, le géant des Rocheuses Canadiennes. Pour découvrir la vue sur sa plus belle face, deux jours ne sont pas de trop, vu qu'il faut parcourir 20 kilomètres à pied pour s'y rendre. Ni une ni deux, les sacs sont prêts pour deux jours, embarquant tente, sacs de couchage et matelas pour y passer une bonne nuit à côté du Lac Berg.
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Face nord du Mont Robson |
Avant toute chose, il est indispensable de s'enregistrer auprès de la maison du parc provincial du Mont Robson dont l'organisation et les aménagements sont des choses que nous avons beaucoup appréciés. Tout en restant sauvage et très préservé de l'homme, ce parc propose des emplacements bien définis pour les campeurs. Un espace vaisselle est aménagé pour polluer au minimum l'eau du lac. Mais surtout, toute nourriture doit être stockée dans des garde-mangers en métal afin de ne pas attirer les ours dans les tentes... Et oui, l'ours est partout ici mais s'en protéger et le respecter nous est devenu très naturel et en fait un animal qui n'est pas si dangereux que ça.
Ces deux jours à crapahuter au pied du Mont Robson resteront notre meilleur souvenir de notre temps à Jasper. Quand nous le regardons de 2300 mètres en dessous, lui du haut de ses 3954 mètres d'altitude, nous ne pouvons que nous sentir bien. Là, nous sommes dans notre élément, paisibles et silencieux en mangeant notre soupe bien méritée, écoutant les glaciers qui craquent, un œil sur les icebergs jouant sur l'eau du lac.
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Superbe ensemble d'eau turquoise, de séracs acérés et d'un colossal sommet... C'est beau ! |
Parce qu'être en voyage, ce n'est pas être en vacances mais plutôt être dans une tranche de vie, nous devons quitter Jasper et retourner à Canmore où nous avons besoin de trouver du travail pour quelques semaines. Canmore, c'est un peu pour nous comme une nouvelle terre d'accueil. Nous y retrouvons Phil, le collègue photographe d'Alexandre à Whistler, ainsi que Ray, originaire du Québec et qui a immigré ici depuis 10 ans. Nous comprenons très bien qu'il n'a jamais voulu repartir de là et c'est vrai que nous aussi, nous nous y sentons bien dans cette petite ville à côté de Banff la "touristique".
Ray nous accueille à bras ouverts chez lui et nous embauche pour réaliser des clôtures à Calgary. Tandis que nous passons de très bons moments avec des québécois, nos pensées vont vers nos amis Thérèse et Renald à Montréal et nous ne pouvons nous empêcher de jurer à coups de "Tarbarnak" et "d'Ostie de travail de Marde" tandis que nous devons faire des trous de 3 pieds (91,44 centimètres exactement !) dans un sol regorgeant de cailloux...
A Canmore de nouveau, notre transmission va très bien. Non cette ville n'est pas maudite. Cette fois, c'est Tyler qui nous appelle à l'aide... Il nous avait fait part des travaux sur Troopy, son Toyota HJ47 de 1981 qu'il est en train de restaurer... En pièces, une partie dans son garage, une autre chez un copain qui s'occupe de la carrosserie, cela nous rappelle quelques souvenirs... Conscient qu'il ne pourra pas le préparer à temps tout seul pour nos retrouvailles de "clunkers" fin juin, il est venu nous solliciter en retour pour un coup de main.
500 kilomètres plus loin et nous voici de nouveau au nord d'Edmonton, avec Charla et Tyler, à finaliser le remontage de Troopy qui sera prêt dans quelques jours. Et nous pourrons prendre les pistes d'Alberta ensemble, en famille Toyota, Charla avec son FJ55, Tyler et son HJ47 et nous avec notre HJ61 !
Ah oui ! Au fait ! Nous avions oublié de vous dire mais nous avons réparé la fuite de liquide de refroidissement qui empêchait notre chauffage auxiliaire de fonctionner correctement. L'occasion de faire une purge du circuit, de changer quelques joints et nous sommes prêts à retrouver nos bonnes douches chaudes du matin !
Ah oui ! Au fait ! Nous avions oublié de vous dire mais nous avons réparé la fuite de liquide de refroidissement qui empêchait notre chauffage auxiliaire de fonctionner correctement. L'occasion de faire une purge du circuit, de changer quelques joints et nous sommes prêts à retrouver nos bonnes douches chaudes du matin !
A très bientôt !
Les Galopères